Le métier de correcteur

12 avril 2021

Hello !

Puisque vous êtes là, vous devez le savoir : je suis correctrice freelance. Grosse surprise, n’est-ce pas ? Mais je suis médisante, peut-être êtes-vous arrivés sur ce blog par hasard.

Beaucoup de personnes ont une vision assez floue du métier de correcteur. En quoi cela consiste, exactement ? Ce doit être facile, non ? Et puis d’ailleurs, les logiciels de traitement de texte corrigent très bien les fautes, pas besoin de payer pour ce service !

Ouais…

Sauf que…

« En quoi consiste le travail de correction ? »

Vous allez penser que je vous prends pour des truffes.

« Mais enfin, une correction, c’est rectifier les fautes d’orthographe des autres, voilà tout ! »

En effet, le correcteur repère vos fautes d’orthographe, mais aussi de conjugaison ( « Dois-je utiliser l’imparfait ou le plus-que-parfait ? »), grammaire, typographie (« Comment ça, je dois utiliser une espace fine après un guillemet ? Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’une espace fine ? ») et beaucoup d’autres choses !

Le correcteur pourra également vous conseiller sur la mise en page, suivant le type de texte que vous écrivez (si votre but est d’envoyer un roman à un éditeur, saurez-vous quel type d’interligne utiliser ?), pointer les répétitions, les phrases mal dites, les phrases trop longues… Et éliminer quelques incohérences ! Si vous vous êtes trompés dans une date historique, ou que votre personnage change de couleur de cheveux à chaque chapitre, le correcteur le verra sûrement !

« Mais alors, qu’est-ce que le correcteur ne fait pas ? »

Le correcteur n’est pas un bêta-lecteur, à moins qu’il ne se déclare lui-même en tant que « correcteur et bêta-lecteur ». Si la correction s’attaque à la forme, la bêta-lecture s’attaque au fond : style d’écriture, scénario, cohérence des personnages…

Le bêta-lecteur est surtout présent pour vous apporter un premier avis de lecteur et n’aura pas forcément de formation en correction, bien qu’il puisse repérer quelques fautes. De la même manière, le correcteur aura forcément un avis subjectif de votre texte, et peut vous le donner, mais cet avis ne sera pas nécessairement aussi détaillé que celui d’un bêta-lecteur.

Le correcteur n’est pas non plus un sensitivity reader, qui se charge d’analyser les thématiques particulières de votre roman (traitement de minorités ethniques, de genre, etc.) afin de vous conseiller sur la représentation de communautés auxquelles vous n’appartenez pas.

Comment travaille un correcteur ?

Le correcteur professionnel a fait des études de lettre, ou passé une formation spécialisée. Pour ma part, j’ai suivi celle du Centre d’Écriture et de Communication, par correspondance, et obtenu un diplôme de lecteur-correcteur à l’issue de cette formation. Cela dit, attention, le correcteur n’a pas l’obligation légale d’avoir un diplôme pour exercer ! À vous de voir si, en tant que client, vous jugez que le diplôme a une importance ou non.

En entreprise (maison de presse, maison d’édition…), le correcteur est parfois amené à corriger à la main, directement sur un brouillon imprimé. Afin de gagner de la place, il utilise alors des codes particuliers à ce métier : les signes de préparation de copie et les signes de correction, que je ne détaillerai pas ici.

Lorsqu’il corrige pour des personnes extérieures au métier, le correcteur ne leur demandera pas d’apprendre par coeur tous ces signes ! Cela serait fort contraignant pour le client et, de toute façon, il n’est pas possible de les retranscrire sur ordinateur (ou, peut-être, sur certains logiciels spécifiques propres aux maisons d’éditions).

Il n’existe pas de manière de travailler universelle pour la correction sur écran. Le correcteur peut, au choix, corriger directement les fautes sur le document de base (ce que j’appelle sur mon site la « correction simple ») ou signaler les fautes au client pour que celui-ci les corrige lui-même (la « correction approfondie »). Cette dernière méthode permet au client d’apprendre de ses erreurs, mais également d’avoir un regard sur les modifications apportées ! Cela peut se faire via la fonction de « notes » de certains traitements de texte (Word, par exemple) ou directement dans le texte, entre crochets. J’utilise généralement cette dernière méthode, car je la pense plus simple à lire pour les clients non habitués à ces logiciels, mais, bien entendu, je m’adapte toujours en fonction des demandes de la personne.

« Mais enfin je peux corriger mon texte moi-même, je suis très fort en orthographe ! »

Je suis bien navrée de vous décevoir, mais l’être humain est doté d’un défaut de fabrication : il repère très mal ses propres fautes.

Pour cette raison, il se peut (mais je ne l’espère pas) que vous voyiez deux ou trois fautes sur ce blog. « Quel manque de sérieux dis donc, cette correctrice qui fait tant de fautes ! » Rassurez-vous, je les repère assez bien chez mes clients, mais, bien sûr, très mal chez moi-même. Comme tout le monde.

Nous savons ce que nous avons voulu écrire. Notre cerveau s’en souvient, et nos yeux ne voient que ce qu’ils veulent bien voir ! Il se peut qu’une personne extérieure pointe une de vos fautes du doigt et que vous vous sentiez catastrophés : Comment avez-vous pu laisser passer ça ? Vous vous êtes pourtant relus, et vous connaissez bien cette règle d’orthographe ! Eh bien, tout simplement, car vous n’avez pas lu ce que vous avez écrit, mais ce que vous vouliez écrire ! Eh oui. Beaucoup d’auteurs expérimentés vous le confirmeront, un œil extérieur est nécessaire.

Un autre défaut de l’humain : sous-estimer la complexité de la langue française. Au début de ma formation de correctrice, je pensais que ce ne serait qu’une formalité. J’étais déjà assez « douée en orthographe ». Dès ma première leçon, je vous assure que je suis tombée de haut. J’ai beaucoup progressé et obtenu mon diplôme, mais il existe des tas de règles de français que l’on n’apprend pas à l’école, des subtilités, et même des cas où plusieurs solutions sont possibles !

J’espère vous avoir éclairé sur ce métier, souvent mal connu, voire inconnu ! À présent que nous avons vu les bases, le prochain article portera sur les clichés et interrogations à propos du métier de correcteur, car il y a encore des tas de choses à dire à ce sujet !

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