7 conseils pour écrire une bonne romance

5 décembre 2022

Ah, la romance! Un genre souvent moqué par ceux qui lisent de « vrais livres » sur de « vrais enjeux » et pas « ces trucs nian-nians et clichés » ! Un peu de sérieux, voyons ! Les vrais auteurs, ils écrivent sur des enquêtes de meurtres, avec des cadavres et des policiers alcooliques ! Pas le temps pour les sentiments, les papillons dans le ventre et les…

Bon. Bref.

Je ne vais pas me fatiguer à vous dire pourquoi la romance est un genre littéraire fort honorable et intéressant. En effet, pourquoi mépriser un genre qui traite d’un sujet aussi universel que l’amour ? On le cherche tous, pourquoi ne voudrait-on pas lire d’œuvres qui en parlent ?

En fait, c’est comme tout : il y a de bonnes romances et de mauvaises romances. Ceux qui décrient ce genre dans son entièreté n’en ont jamais lues de bonnes, ou jamais lues tout court (tellement englués qu’ils sont dans leur bien-pensance). Et, il faut se le dire : des mauvaises romances, il y en a. À la pelle. Des tas. Tout comme il y a une flopée de mauvaises histoires de fantasy qui ne font que copier-coller Tolkien.

Alors, comment on écrit une bonne romance ? Quelques pistes !

Conseil 1 :Les personnages ont une vie en dehors de l’amour !

Et je ne vous parle pas seulement de l’ex qui harcèle l’héroïne, de la meilleure amie intrusive ou du pote d’enfance, qui constituent souvent tout l’entourage des protagonistes. En dehors de l’amour, qu’est-ce qui motive votre personnage ? Quel est son passé ? Sa relation avec ses parents ? Sa personnalité, son but dans la vie ?

Tout ceci ne doit pas s’arrêter juste parce que Madame/Monsieur/Ménestre a rencontré quelqu’un qui lui plaît ! Dans la vie, les gens ont souvent plus d’un problème à la fois. La Terre ne cesse pas de tourner parce que des sentiments apparaissent…

… Ou peut-être que si ? Quelles difficultés amènent cette romance dans les projets des protagonistes ? L’entourage accueille-t-il bien cette relation ? Et côté professionnel ? Peut-être le passé des persos les empêche-t-il de s’attacher, à cause d’un traumatisme ?

Conseil 2 : Pourquoi vos personnages vont-ils bien ensemble ?

Dans beaucoup de romances hétérosexuelles, le schéma est le suivant : « Garçon rencontre Fille. Ils sont beaux et jeunes. C’est le coup de foudre. » Mouais. Mais des garçons et des filles du même âge qui se plaisent, il y en a plein. Plein plein plein.

Pourquoi ces deux-là sont-ils faits l’un pour l’autre ? Qu’est-ce qui les amène à désirer la compagnie de l’autre ? Au début, ça peut être une attirance physique, bien sûr, mais quel est le déclic émotionnel, celui qui nous fera dire « Ok, ces deux-là sont parfaits ensemble, c’était écrit dans les étoiles » ?

Est-ce un traumatisme commun ? Une épreuve traversée ensemble ? Une façon commune de voir le monde, un cerveau qui fonctionne de la même façon ? Ou au contraire, deux personnalités opposées qui se complètent ? Souvent, c’est un mélange de différences et de similitudes. Par exemple, un passé très similaire, qui leur a pourtant appris des leçons radicalement différentes à l’un et à l’autre.

Si ça se trouve, ils ne s’apprécient pas tant que ça au départ. Ou bien, ils ne finissent même pas ensemble. Ils peuvent se rendre compte que leur histoire ne durera pas toute la vie, même si elle a été bouleversante pour eux. Dans la vie, toutes les romances ne finissent pas par un mariage éternel, et ce n’est pas grave !

Conseil 3 : Les péripéties

Un adage célèbre prétend que les gens heureux n’ont pas d’histoire. Sans doute un peu exagérée, cette phrase a néanmoins un fond de vérité : dans un roman, si tout se passe trop facilement, on s’emmerde.

C’est pour cela qu’on voit souvent la fameuse scène de rupture, avant que les protagonistes finissent par se remettre ensemble.

Le challenge, c’est de trouver des péripéties suffisamment cohérentes, et assez intéressantes pour qu’on en ait quelque chose à faire. Le tout est de faire en sorte que le lecteur ne s’ennuie pas en arrivant au milieu du livre (et que l’auteur ne s’ennuie pas en l’écrivant). Selon moi, c’est l’exercice le plus difficile, tout genre littéraire confondu.

Réfléchissons. Est-ce qu’un événement extérieur renvoie un des protagonistes à ses insécurités et lui fait repenser sa relation ? Est-ce que les personnages essaient de faire bloc contre une « menace » commune ? Peut-être un membre de leur entourage ? Est-ce qu’une chose complètement extérieure, prévisible ou non, les sépare ? Une tornade, une guerre, un mariage arrangé, qu’est-ce que j’en sais ?

D’ailleurs, les péripéties n’ont pas besoin d’être résumées par une grosse scène d’action ou de dispute : tout peut se jouer dans la tête de vos personnages, à travers leurs peurs, leurs doutes, les choses qu’ils réalisent sur eux-mêmes et sur l’autre…

Conseil 4 :Tomber amoureux c’est bien, mais la suite ?

Dans 90 % des cas, les romances racontent les débuts d’une histoire d’amour. Elles commencent à la rencontre des protagonistes, se poursuit dans les quelques mois qui suivent, où l’on vit moult intrigues avant qu’ils finissent enfin par se déclarer leur flamme. Éventuellement, on a le droit à une rupture peu après cela, dans les cris et les larmes, puis ils se remettent ensemble et… Rideaux.

Quid des relations longues ? Des couples déjà installés ? Ils n’ont pas le droit de vivre des moments de drames, de doutes, des instants romantiques, de la complicité… ? Non, désolé. Une fois que vous avez eu votre happy end, vous avez seulement le droit de vous faire chier. Vous vivez heureux jusqu’à la fin des temps et vous la fermez, nom de diou ! Votre histoire, elle est fi-nie. Bouclée. On a écrit le mot fin après le bisou et puis c’est tout !

Mais dans la réalité, ça ne marche pas comme ça, et les relations déjà établies peuvent constituer de sacrées montagnes russes, à certaines périodes de la vie ! J’ai envie de lire des romances là-dessus aussi, moi ! Parce que les premiers baisers, les premières fois, tous ces trucs, c’est sympa. Vraiment. Mais heureusement qu’il n’y a pas que ça dans une relation, tout de même.

Conseil 5 : Apparté sur les romances queers

C’est ce que je lis le plus, à vrai dire. À la fois parce que ça me concerne, et parce que je n’en peux plus des clichés sexistes/malsains qui fleurissent dans les romances hétéros classiques. Ce n’est pas le cas de toutes, heureusement, mais de celles qui sont les plus mises en avant… Bref, quid des romances queers ?

J’en ai vu qui essayaient de reproduire, souvent inconsciemment, des schémas hétéros classiques. Le mec efféminé et le mec plus viril ? Ce n’est pas quelque chose de mal en soi, mais ce qui est fatiguant c’est la récurrence de ce type de relations. Variez ! Deux types balèzes qui se rencontrent à la salle de sport, pourquoi pas ?

Dans les romances lesbiennes, c’est pareil : une féminine et une butch (quoique, j’ai l’impression que les autrices de romances lesbiennes sont plus au fait des clichés et essaient davantage de s’en éloigner). Ou bien, une artiste et une plus terre-à-terre. Je comprends l’idée : les opposés s’attirent, ok. Mais il peut y avoir d’autres types d’oppositions que ceux-là, non ?

Aussi, par pitié, rajoutez des personnages trans et non-binaires à vos romans, et pas seulement en tant que personnages secondaires.

Autre piste : une romance entre un homme et une femme… tous les deux bisexuels. Eh. Je vous assure que ça fait une différence.

Conseil 6 : Les clichés, ce n’est pas si mal…

… Si on sait les retourner.

Après tout, les clichés en sont parce qu’ils plaisent, et je suis sûr que vous aimez lire et relire certaines situations particulières, vous aussi. Sauf que voilà, découvrir un copier-coller de la même scène dans vingt livres différents, même si on aime énormément ce genre de choses, c’est redondant.

Il faut un « Mais » à votre cliché. Par exemple : Vous aimez les romances good girls/bad boys ? Ok, pourquoi pas l’inverse ? Une bad girl qui rencontre un good boy ? Peut-être que le fameux mauvais garçon s’avère n’être pas si mauvais que ça… Ou la good girl s’avère encore pire que lui !

Allez, un autre exemple : Les triangles amoureux, c’est un cliché fatigué. Du moins, dans sa forme la plus basique. Souvent, on sait dès le départ avec qui va finir l’héroïne (je le mets au féminin parce que… vous savez). L’autre gars n’est qu’un prétexte pour amener un peu de drama et faire durer l’histoire plus longtemps.

Voilà quelques pistes pour ajouter un twist, une saveur à votre triangle :

– Personnage 1 rencontre Personnage 2 et commence à tomber amoureux. Seulement, voilà, Personnage 1 peine à sortir d’une relation toxique avec Personnage 0. Ce n’est pas un triangle fait pour nous demander « Mais qui va-t-iel choisir ??? ». Plutôt « Comment va-t-iel se tirer de cette situation malsaine ? »

– Les relations polyamoureuses. Attention, sujet complexe à appréhender avec précaution, en faisant appel à des sensitivity readers au besoin.

– « Je choisis… Absolument personne. Ciao ! » Osé et trop peu exploité. Il faut néanmoins une raison crédible pour amener à cette situation, et pas seulement un aspect « choc ».

– Les deux love interests se barrent ensemble et laissent le protagoniste seul. C’est une « blague » qu’on voit parfois concernant des triangles célèbres (« Et si Edward et Jacob laissaient Bella toute seule pour vivre une idylle entre vampire et loup-garou vachement plus intéressante ? »), mais… Et si c’était sérieux ? Qu’est-ce que cela donnerait ? Honnêtement, j’aimerais bien lire ça.

Conseil 7 : Oubliez tout ce que vous venez de lire

Je ne suis qu’un humble auteur, occasionnellement lecteur, aussi ces conseils ne sont-ils ni exhaustifs, ni universels.

N’écrivez ni pour faire un truc « qui marche » ni pour être « original » : écrivez ce qui vous plaît ! Si vous êtes sincère dans votre écriture, votre histoire sera forcément unique. Peut-être que ça fonctionnera chez les lecteurs, peut-être pas… Mais ça, malheureusement, ce n’est pas de votre ressort !

Je résume tout de même les conseils qui, à mon sens, sont les plus importants : des personnages crédibles, qui forment un lien cohérent et sincère, avec de bonnes péripéties !

Et vous, quels seraient vos conseils pour écrire une bonne romance ?

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