Journal d’écriture #2 : Je n’aime pas l’écriture (et ce n’est pas grave)

8 septembre 2022

C’est une chose dont j’ai pris conscience peu à peu, notamment en interagissant avec des auteurs, en les suivant sur les réseaux sociaux, en lisant des conseils d’écriture sur internet.

Des conseils sur le rythme, sur les répétitions, sur l’orthographe, sur la façon de trouver son style. Tout ça, c’est très bien, c’est incroyablement utile. Mettre en forme son récit permet de captiver le lecteur, de mieux faire passer son message. C’est un moyen de présenter habilement son univers, ses personnages, son histoire, de façon captivante. Un moyen, un outil.

Du moins, c’est comme ça que moi, je le conçois. Je me suis rendu compte, cependant, que certains auteurs ont l’air de voir la recherche de son style comme une fin en soi. Ils ne parlent pratiquement que de cet aspect.

Et je n’ai absolument rien contre ça. Vraiment. Simplement, ce constat m’a surpris, parce que…

Pour moi, travailler mon style est une corvée nécessaire. Je ne déteste pas ça, mais je n’aime pas particulièrement réfléchir sur chaque mot, chaque phrase, chaque agencement bien précis. Parfois même, je sature, surtout à la relecture. J’ai la tête comme une pastèque à force de traquer les maladresses, je souffle, je me demande parfois à quoi bon…

Du coup, je dois avouer quelque chose : je n’aime pas particulièrement écrire. Je n’apprécie pas spécialement l’acte de mettre des mots bout à bout, d’y réfléchir patiemment, de soigner son texte comme un horloger soigne une horloge.

Je le fais quand même. Parce que, moi, ce que j’aime, c’est raconter des histoires.

Il se trouve que pour cela, le médium de l’écriture me paraissait le plus accessible. C’est celui dans lequel j’ai le plus de facilité, simplement. Je ne sais pas tourner de films, je ne dessine pas de BD, je ne peins pas de tableaux : j’écris des romans.

Au collège, je dessinais beaucoup, avant de comprendre que l’écriture me paraissait plus naturelle, et me permettait quelque chose que je juge essentiel dans une histoire : développer l’intériorité de mes personnages – chose bien plus difficile en BD, même si c’est évidemment possible. J’ai fini par arrêter le dessin pour me concentrer sur l’écriture (je sais, certains manient les deux arts de façon admirable, mais c’est un choix que j’ai fait, c’est comme ça).

Donc, je me suis plongé dans la prose, les longues phrases, les phrases courtes, l’alternance des deux, la concordance des temps. J’y arrive. J’y ai des « facilités », pourrait-on dire, même si j’apprends de nouvelles choses chaque jour. J’en ai même fait mon métier en devenant correcteur, c’est vous dire !

Seulement, voilà : parfois, j’en ai marre. Parfois, les mots, ça devient compliqué. Tout ce que j’écris me paraît lourd, une répétition sordide de verbes ternes et des mêmes constructions de phrases, en boucle, en boucle, en boucle… Parfois, je n’ai pas envie de travailler sur le style, je n’y arrive pas, les vingt-six lettres de l’alphabet s’engluent dans mon cerveau lent.

C’est parce que je n’aime pas particulièrement écrire.

Mais j’ai des histoires à transmettre, alors il faut bien s’y mettre. C’est comme ça.

Oh, bien sûr, ce n’est pas tous les jours aussi horrible – autrement, j’envisagerais sans doute de reprendre le dessin, ou tout autre média moins verbeux. Certains jours sont plus simples que d’autres, parfois j’arrive à être impressionné d’une phrase que j’ai écrite il y a quelques semaines, fier de mon travail. Heureusement, non ?

En réalité, c’est un peu radical de dire que je n’aime pas l’écriture.

Je reformule : écrire, ce n’est pas ce que je préfère dans l’écriture. C’est mieux là, non ?

Et au fond, ce n’est pas très grave. Chaque auteur est différent, chaque auteur écrit pour une raison qui lui est propre. Ne laissez personne vous dire pour quoi ou comment vous devez vous adonner à votre passion.

Et vous, quel est votre rapport à cet aspect « technique » de l’écriture ? Peut-être est-ce votre partie préférée ? Ressentez-vous aussi, parfois, cette difficulté à aligner les mots, malgré ce besoin de créer ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *