Journal d’écriture #1 : Équilibre

20 octobre 2021

En ce moment, c’est compliqué d’écrire. Je crois que je sais pourquoi. C’est compliqué, mais c’est très simple à la fois.

J’ai du mal à me concentrer. J’ai l’impression de ne pas trouver les mots, de buter. Je culpabilise de ne rien faire. J’ai l’impression qu’il faut que j’écrive, que ce soit des fanfictions ou des romans, que c’est le but de ma vie et que je me sentirais mieux en me consacrant à ça.

De quelque façon qu’on tourne le problème, j’ai tort de penser de cette façon. Enfin, oui et non.

Je dis toujours que je ne pourrais pas vivre sans art, et pourtant c’est exactement ce que je fais, en me forçant à produire de l’art sans y arriver.

Et je me rends compte que je veux écrire pour des raisons égoïstes, plein de raisons égoïstes : pour avoir de l’argent, pour être connue, pour partager des choses avec d’autres artistes, pour trouver un sens à ma vie. Je me concentrais davantage sur ces buts que sur l’art en lui-même.

C’est justement pour ça que j’ai toujours envie de dévier de mes projets principaux. Ces derniers, plaisants au début, finissent par sonner comme des obligations, ce qui me donne envie de dévier sur des projets secondaires. Puis le fameux projet secondaire, censé servir d’échappatoire, prend de l’ampleur et devient un projet principal, qui ne me donne plus envie de travailler dessus.

Et on répète à l’infini…

C’est compliqué, car l’écriture est importante dans ma vie. Je me sens bien, quand j’arrive à écrire sans avoir l’impression que ce soit une contrainte. J’ai l’impression que tout est à sa place, que c’est ce que je voudrais faire à chaque heure du jour ou de la nuit. Et c’est précisément cette certitude, quand j’essaie de la capturer, qui me bloque. C’est cette certitude, qui me dit que je ne serais rien si je n’écris pas, qui me pousse à prendre en compte le regard des autres, le regard des lecteurs, à me demander ce que penseraient mes proches de tel ou tel sujet que j’aborde dans mes histoires. C’est cette certitude d’être faite pour écrire qui, paradoxalement, m’enchaîne à la réalité et m’angoisse. C’est cette certitude qui m’empêche d’écrire.

Peut-être qu’il y a une espèce de deuil à faire, quelque part. L’écriture ne me définit pas et ne doit pas me définir. Pas plus que mes autres activités, mes autres loisirs et traits de personnalité. Je crois que c’est quelque chose dont j’avais déjà pris conscience, ponctuellement, mais que je n’avais jamais couché sur papier. C’est un problème profond de recherche d’identité, peut-être. Ou peut-être pas. C’est un peu flou.

J’ai besoin d’écrire, mais en même temps, de ne pas trop m’accrocher à l’écriture. C’est un équilibre délicat à trouver. C’est sans doute impossible, à vrai dire. Peut-être que chaque écrivain, chaque artiste, penche d’un côté ou de l’autre à différents moments de sa vie, entre pression et liberté, entre page blanche et productivité.

Peut-être est-ce le travail d’une vie, que de comprendre comment écrire sans contrainte.

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